Suite au décès de mon compagnon de vie survenu le 27 octobre 2023, j’ai sombré profondément dans un état de solitude et de désarroi extrêmes. J’ai éprouvé le besoin d’être seule pour pouvoir pleurer, hurler de douleur durant plusieurs semaines. Des amies se sont inquiétées et m’ont suggéré de reprendre des activités, de sortir un peu… Tous leurs conseils ne raisonnaient pas en moi. J’ai tout de même fait quelques recherches sur le processus de deuil. J’ai alors découvert des témoignages de femmes qui étaient passées par là… Quel soulagement d’entendre des expériences similaires ! Je n’étais pas anormale ! Bien au contraire ! Je laissais le processus de deuil se déployer naturellement, sans vouloir le contrôler, sans vouloir le rejeter, sans vouloir autre chose à la place.
Le processus de Deuil est INDIVIDUEL. Chaque deuil est unique et va dépendre de la nature du lien avec le défunt, des circonstances de la mort et de notre histoire personnelle.
Le Deuil du conjoint est spécifique car il englobe plusieurs deuils à la fois. C’est un bouleversement aux multiples facettes car il y a plusieurs deuils à faire en même temps :
– le deuil de Michel, mon compagnon depuis plus de 18 ans
– le deuil de mon identité : qui suis-je sans lui ?
– le deuil de mon couple
– le deuil de nos projets en commun
– le deuil du quotidien surtout que nous avions l’habitude de nous répartir les tâches… (Moi l’intérieur, lui l’extérieur. Aujourd’hui, pour beaucoup de choses, j’ai l’impression de me retrouver devant une immense montagne à gravir mais Michel a emmené avec lui la boussole, le GPS, et les équipements qui vont bien).
Alors oui, depuis plus d’un mois, je connais la dévastation, l’envie de mourir parfois. Je reste prostrée devant ma vie disloquée, cherchant des repères volatilisés. Je pleure des rivières et crie qu’il vienne me chercher.
Je marche lentement, car marcher est déjà de trop. Je souris poliment aux gens qui pensent comprendre l’impensable. Je fatigue devant une tâche simple mais que je trouve insurmontable.
Je cherche, par moment, à me libérer de ce poids omniprésent logé dans ma poitrine. Alors, je pleure, je pleure pour essayer de vider ce trop plein de chagrin. Cela me soulage un court instant, mais malheureusement le chagrin revient.
Alors OUI ! C’est le temps des larmes ! Je comprends qu’il est à vivre pour pouvoir revivre. Et par la suite, refermer ce grand livre.
C’est une médecine inconnue et pourtant ancestrale. L’hiver finalement s’y prête plutôt bien. C’est un temps solitaire, mais nécessaire pour mon plus grand bien.
Alors OUI ! Je m’isole, je m’enferme, un repli sur moi. Un temps de recluse, où comme un animal blessé, Je lèche mes plaies pour essayer de les cicatriser.
Quand vous vous blessez, vous avez une plaie et un processus de cicatrisation se met en place naturellement, aidant et salutaire sans même que vous le décidiez. Ce processus de cicatrisation se fait automatiquement car notre corps physique est extraordinaire et a des ressources innées !
OUI ! Le deuil est également un processus de cicatrisation ! Que j’ai bien l’intention de laisser se dérouler naturellement. Même si certains jours, il me parait violent.
Il y a autant de deuils que de personnes endeuillées. Je ne sais pas combien de temps le mien va durer. Pour l’instant, le temps est venu d’hiberner.
Après la pluie, le beau temps ! L’envie d’écrire me reprend, Est-ce que la Vie m’enverrait un outil aidant ???
En tous les cas, je constate que la peine, le chagrin, la douleur ne sont pas à être rejetés bien au contraire. « Ce que tu fuis te suit, ce à quoi tu fais face s’efface ». Et cela, je l’ai bien compris.
Alors j’accepte ce processus naturel de deuil, ces envies de ne rien faire. Et j’attends avec patience que l’envie d’avoir envie revienne et le sourire aussi.
Prenez bien soin de vous. La Vie ne dure qu’un instant…
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