Cela fait maintenant un an que j’expérimente ce douloureux « processus de deuil » et toutes ses conséquences sur tous nos plans (physique, énergétique, émotionnel, mental et spirituel) et une chose a attiré mon attention : ce processus est très mal connu aussi bien par l’entourage que par le corps médical. Il faut dire que la mort, dans nos sociétés dites « modernes », est rejetée, c’est un sujet tabou, qui ne fait pas rêver… et pourtant, la mort fait partie intégrante de la Vie !
Je remercie toutes ces femmes, qui ont perdu leurs maris, que j’ai rencontré, ces 12 derniers mois, avec lesquelles j’ai échangé. Je constate que je n’ai pu être réellement comprise que par ces femmes qui avaient traversé ce même processus (merci à elles pour nos échanges qui nous ont fait du bien).
Je me remercie d’avoir écouté « ma petite voix intérieure » dimanche dernier quand elle m’a dit « prend cette auto stoppeuse » alors que je ne le fais pas habituellement… Je vous dédie cet article chère Rachel dont le fils est parti l’an dernier (ce qui m’a permis de relativiser ma propre douleur car perdre son enfant est un deuil contre nature).
Le processus de deuil englobe un ensemble de réactions émotionnelles, psychologiques et physiques qu’une personne traverse après la perte d’un être cher, que ce soit par la mort, une séparation (divorce) ou un autre type de perte importante. Ce processus est très individuel et peut varier d’une personne à l’autre (suivant le type de lien et le degré d’attachement). Néanmoins, le processus de deuil existe bel et bien et est souvent décrit comme un cheminement intérieur pour s’adapter à une nouvelle réalité sans la personne disparue.
Le processus de deuil est souvent abordé selon différentes étapes, bien que chaque individu puisse les vivre de manière différente, ou ne pas les vivre du tout dans un ordre précis. Les étapes classiques du deuil ont été proposées par la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross en 1969.
Ces étapes sont :
Le choc : Dès l’annonce de la nouvelle, le cerveau réagit par des mécanismes de défense, principalement via une forte libération de cortisol (hormone du stress) et d’endorphines (qui peuvent « engourdir » la douleur). Cela peut mener à une dissociation momentanée, où la personne se sent déconnectée de ses émotions, de son corps ou de la réalité, comme un moyen de survivre à un choc émotionnel. Dans certains cas (l’annonce d’un décès soudain), un niveau élevé de cortisol peut entraîner une sorte de « gel » émotionnel. Le corps et l’esprit se mettent en mode de survie, et pour éviter de se laisser submerger par la douleur émotionnelle, une partie de l’activation du système nerveux se modifie. C’est ce qui m’est arrivé le matin du 27 octobre lorsque le médecin de l’hôpital m’a téléphoné pour m’informer que mon conjoint était entrain de « partir ». J’ai ressenti et perçu une substance blanche crémeuse secrétée dans ma tête et envahir mon corps (je rappelle que je suis habituée à ressentir à l’intérieur de mon corps diverses sensations et que j’ai une « clair vision »). Je me suis retrouvée coupée de mes émotions durant plusieurs jours, comme anesthésiée, avançant comme un robot. Cet état d’être est très particulier… Mais comme tout anesthésiant, l’effet s’estompe à mesure que l’on commence à traiter et à intégrer la perte. Et comme un volcan sur le point d’entrer en éruption, la douleur émotionnelle fini par sortir décuplée…
Le déni : La personne peut éprouver de l’incrédulité et de la difficulté à accepter la réalité de la perte. Le déni est une façon de faire face à l’intensité émotionnelle en évitant d’admettre immédiatement la gravité de la situation. C’est une étape très déstabilisante. Pendant longtemps, j’ai attendu son retour… Je croyais même l’entendre remonter l’escalier. Parfois, je me réveillais le matin en sursaut croyant avoir fait un cauchemar et étant persuadée qu’il était à mes côtés… Combien de fois je me levais en me disant « mais c’est quand que je vais me réveiller de ce cauchemar… »
La colère : Après le choc initial, la personne endeuillée peut ressentir de la colère, de la frustration ou de l’injustice. Elle peut être en colère contre elle-même, les autres, ou même la personne décédée, se demandant pourquoi cela est arrivé. Elle peut aussi être en colère après la Vie, Dieu… Ce décès m’a coupé, pendant de nombreux mois, de mon Centre Sacré du Cœur et de toutes mes pratiques (yoga, méditation, prière…). J’ai haï la Vie ! Heureusement, mon Centre Sacré du Cœur s’est réouvert en septembre dernier et je me reconnecte à la magie de la Vie pas à pas.
Le marchandage : À ce stade, la personne endeuillée peut essayer de « négocier » avec la réalité, se disant qu’elle ferait tout pour revenir en arrière, ou que si elle changeait quelque chose dans sa vie, la perte pourrait être évitée. Cela peut aussi prendre la forme de pensées comme « Si j’avais fait ceci ou cela… ». Heureusement, mes années de développement personnel, de compréhension des mécanismes du mental/Ego, des lois de la Vie m’ont aidé à ne pas tomber dans le piège de la culpabilité ! Michel a fait des choix. Il en est le seul responsable. Et Je sais que TOUT EST JUSTE et à sa JUSTE PLACE à chaque instant (même si certains événements sont douloureux). Et j’ai compris que nous avons tous une date de « péremption ». Nous arrivons à une certaine date et nous repartons également à une certaine date (comme il me l’a expliqué plus tard : « c’était prévu »).
La dépression : La personne peut ressentir une tristesse profonde, un vide, un sentiment de solitude et de désespoir. C’est une phase où le poids de la perte devient accablant, et où la personne peut se retirer socialement, se sentir épuisée, vidée (j’ai découvert que le processus de deuil est extrêmement énergivore) ou avoir des difficultés à gérer ses émotions. L’étape la plus impactante me concernant. Surtout que J’AI ACCEPTE de me laisser traverser par le Processus de Deuil, de l’expérimenter en Conscience (peut-être pour venir en aide à d’autres personnes dans le futur… ???). Mes vieux démons sont venus me visiter. J’avoue être descendue très bas, expérimentant les profondeurs abyssales du désespoir, l’envie de mourir, de le rejoindre, mettre fin à un chagrin qui semblait insurmontable… Mais la Vie est souvent plus forte.
L’acceptation : L’acceptation ne signifie pas que la personne « oublie » ou « va bien » après la perte, mais plutôt qu’elle parvient à trouver un moyen de vivre avec cette perte. Il s’agit de réorganiser sa vie sans la personne disparue et d’accepter la réalité de la situation, même si la douleur persiste.
La reconstruction : l’étape que j’ai commencé cet été. Celle qui me permet de me reconnecter à moi m’aime, de revenir au Centre, dans mon Centre ! Celle qui me conduit à me connaître encore mieux, à respecter mon corps encore plus, ses besoins, celle qui fait jaillir, semaine après semaine, ce Que je Suis vraiment encore plus profondément, celle qui me permet d’expérimenter de nouvelles activités, celle qui me permet de retrouver celles que j’avais abandonné, celle qui me permet de rencontrer de nouvelles personnes… Je me remercie d’avoir emprunter il y a 15 ans des chemins de traverse (médecines alternatives, énergétiques, les plantes, conscience et l’écoute de soi, du corps et de ses besoins…). Tout cela m’a aidé. Je n’ai pas eu besoin de passer par des molécules chimiques. Eh oui, c’est possible !!!
Je précise que ces étapes ne sont pas nécessairement linéaires, et il est possible de revenir en arrière ou de les vivre dans un ordre différent (c’est un peu frustrant car j’ai l’impression, justement, de revenir en arrière parfois et donc d’avoir l’impression de ne pas m’en sortir…). Par ailleurs, de nombreux chercheurs et psychologues soulignent que le deuil est un processus unique et qu’il n’y a pas de « bonne » manière de le traverser.
Le deuil peut aussi se manifester à travers des symptômes physiques et psychologiques, tels que la fatigue (fatigue intense par moment), des troubles du sommeil, des problèmes de concentration et de mémoire (très perturbant d’ailleurs pour moi qui habituellement a une très bonne mémoire), voire des douleurs physiques (le corps physique est TRES impacté, le choc émotionnel le contracte durement, il a donc besoin de beaucoup d’attention : massage, kiné, ostéopathe, thermes, drainage, plus je soutiens mon corps, mieux je me libère…). Le soutien social, comme celui des proches ou des professionnels (thérapeutes, conseillers, groupes de soutien), peut être essentiel pour aider la personne à traverser cette période difficile. Malheureusement, le processus de deuil est tellement méconnu, que l’entourage et certains professionnels sont souvent impuissants ou « à côté de la plaque »… C’est d’ailleurs assez effrayant car beaucoup de femmes m’ont fait part d’avoir perdu des amis, des proches, de la belle famille… Très peu d’entre elles se sont senties comprises, épaulées.
Alors que ce dont nous avons besoin est souvent simple : une simple écoute, une épaule, des bras pour se sentir réconfortées, juste être là (les mots sont parfois de trop), une proposition d’aide (pour les papiers administratifs, pour le jardin, le ménage, les enfants, apporter un plat/un dessert car souvent nous n’avons plus envie de cuisiner), puis quand la Vie reprend le dessus, une proposition de sortie, une balade…
ÊTRE VEUVE/VEUF n’est pas une maladie ! Ca ne se transmets pas ! Les ami(e)s qui sont en couple disparaissent soudainement : peur d’attraper le veuvage ? Peur de se faire piquer son mari/femme ? Peur de partager un bonheur encore intact ? A méditer… Et en même temps, je dirais que ça permet de faire un grand ménage autour de soi. Ne garder que le meilleur et découvrir un ailleurs.
Enfin, il est important de se rappeler qu’il n’y a pas de délai fixé pour le deuil : chaque individu a son propre rythme pour guérir et s’ajuster à la perte.
Pour en terminer avec cet article, une note pour toutes celles et ceux qui le traversent ou vont le traverser (car oui, la mort fait partie de la Vie je le rappelle), la Vie reprend, toujours, le dessus, et rien ne sert de vouloir éviter ce processus de deuil et ses étapes : tout ce que tu fuis, tu poursuis. Tout ce qui ne s’exprime pas, s’imprime dans le corps. Tout ce qui ne remonte pas en conscience revient sous forme de destin (Carl Gustave Jung).
Tellement de souffrances, de maladies jaillissent un jour chez celles et ceux qui ont bloqué ou refoulé leurs émotions.
J’ai pris conscience, instantanément, que je ne refoulerais pas mes pleurs, mes cris, ma tristesse même si cela m’a vidé à plusieurs reprises. J’ai accepté, j’ai accueilli toutes ces phases, en sachant que tout passe finalement. Je sais que j’aurais encore des bas, je me relèverais, encore et encore, même si je ne sais toujours pas où tout cela m’emmène…
Une dernière chose : la meilleure façon d’honorer nos défunts est, finalement, de vivre pour deux !
Bien à toi Mon Cœur. Avec Tout mon Amour. Pour l’Eternité.
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